Rééducation de la cheville

La rééducation de la cheville est très souvent nécessaire après une chirurgie ou un traumatisme de la cheville. En effet, la cheville est une articulation qui a tendance à s’enraidir rapidement et elle nécessite des exercices de façon à retrouver souplesse et force.

Six axes principaux vont pouvoir être travaillés en rééducation de la cheville:

La mobilité de l’articulation
La musculature de la cheville
La proprioception (capacité à retrouver un équilibre)
L’œdème
La douleur
Le schéma de marche (lutte contre la boiterie)

Test

La mobilité articulaire

La récupération d’une bonne mobilité articulaire passera par une mobilisation de la cheville. En effet, il est nécessaire de réaliser une mobilisation manuelle de la cheville. Celle-ci doit être douce en respectent toujours la règle de la non douleur. Dès que les premiers degrés de mobilité sont récupérés, alors on peut réaliser des exercices en charge de façon à ce que le poids du corps et la pesanteur aident à lutter contre les raideurs de la cheville. Des auto-exercices à réaliser à domicile pourront être donnés par le kinésithérapeute de façon à faire progresser la rééducation de la cheville entre les séances de kinésithérapie.

Lorsque la cheville est douloureuse, il a bien souvent un problème de mobilité. En effet, une cheville raide est source de douleurs et lorsque les douleurs apparaissent, il y a souvent une forte appréhension du patient à mobiliser la cheville ce qui augmente la raideur et donc la douleur. Il s’agit là d’un cercle vicieux contre lequel il faut lutter petit à petit et quotidiennement.

Le renforcement musculaire

Le renforcement musculaire pourra être débuté dès que la mobilité de la cheville sera suffisante pour le permettre. Dans un premier temps, ce travail musculaire sera réalisé en décharge et manuellement avec une poussée du pied contre résistance sur la main du kinésithérapeute. Secondairement, les exercices de rééducation de la cheville intégreront des poids pour augmenter l’intensité de résistance. Attention, si le travail sur « machine » ou contre résistance avec des poids devient douloureux, il faut alors savoir l’arrêter quelques temps et éviter de forcer au risque de voir les douleurs devenir chroniques.

Le travail proprioceptif

Le travail proprioceptif est en règle générale engagé 1 à 3 semaines après le début de la rééducation de la cheville. La proprioception est la capacité à rester stable lors d’un déséquilibre du corps. Sur la cheville, cet élément est particulièrement important. En effet, un défaut de proprioception favorise la récidive d’entorses ou de chutes. Celle-ci sera en général travaillée précocement en décharge puis sur des éléments instables (trampoline, ballon, mousse…), elle est primordiale dans la rééducation de la cheville. La rééducation ne s’arrêtera que lorsque cette proprioception sera parfaitement retrouvée, seul gage d’une bonne récupération et de l’absence de récidive d’une entorse de cheville.

La proprioception peut être travaillée à domicile entre les séances de kinésithérapie en réalisant un appui monopodal (sur un seul pied) et en fermant les yeux. Ainsi, le corps ne peut plus s’équilibrer grâce à la vue et doit retrouver une bonne stabilisation avec la cheville.

L’œdème

L’œdème est un phénomène classique et quasi constant après une agression sur la cheville. Cet œdème, même s’il est impressionnant, n’est pas un critère de gravité. L’œdème peut être légèrement douloureux le soir lorsqu’il est vraiment important. L’œdème régresse de façon quasi systématique dans des périodes variables allant de 15 jours à 6 mois post-traumatiques ou post-opératoires.

La gestion de l’œdème peut être travaillée en kinésithérapie grâce à deux éléments. Le premier est le drainage manuel et l’utilisation de crèmes antalgiques à bas de plantes (crèmes phytothérapiques). Le deuxième élément est le traitement de l’œdème par cryothérapie, c’est-à-dire par application de froid. Cette « application de froid » peut être réalisée aussi à domicile à l’aide de poches de glace ou d’un jet d’eau froide.

Le drainage manuel et la cryothérapie peuvent être engagés très précocement dans la rééducation de la cheville. Ils vont pouvoir être poursuivis tout au long de la rééducation mais ne doivent pas occuper la majorité du temps. Pour rappel, cet œdème finira toujours par disparaître, il faut donc laisser le temps à la cheville de récupérer.

L’antalgie

La principale cause de douleur sur une cheville est la raideur, il faut donc travailler la mobilité de la cheville en priorité pour faire diminuer les douleurs. Il est traditionnel d’utiliser les ultrasons ou l’électrothérapie, cependant leur efficacité n’est pas prouvé scientifiquement et est de plus en plus remise en cause. Seul le TENS semble jouer un rôle pour soulager la douleur. Le TENS n’est pas à utiliser précocement, il faut l’utiliser dans un deuxième temps lorsqu’il existe des douleurs rebelles et persistantes malgré une bonne mobilité de l’articulation.

La douleur en début de rééducation lors des séances peut être gérée par une bonne cryothérapie pré et post-rééducation. La cryothérapie est probablement la meilleure antalgie observée en rééducation car elle agit sur le syndrome inflammatoire et sur les hématomes.

Le schéma de marche

Le schéma de marche est la façon dont un patient marche. Lorsque ce schéma est perturbé, on observe une boiterie. Il existe différents types de boiterie avec un déhanchement ou une rotation externe du pied. La boiterie peut avoir plusieurs origines.

La boiterie peut être liée à une raideur de la cheville et donc à un mauvais déroulé du pas. Dans ce cas, il faudra bien travailler la mobilité.

La boiterie peut être aussi liée à une douleur au niveau de la cheville, il faut alors trouver l’origine de cette douleur de façon à améliorer le schéma de marche.

La boiterie est dans la majorité des cas liée à une appréhension ou à un trouble du schéma, c’est-à-dire que l’immobilisation a été longue et mal vécue par le patient qui en garde comme séquelle une appréhension et une mauvaise position du pied au sol. La meilleure façon de travailler le schéma de marche est de marcher face à un miroir avec un kinésithérapeute qui va vous guider dans les modifications à apporter pour retrouver une marche fluide et sans boiterie. Une autre technique est de monter sur deux balances (une pour chaque pied) pour faire prendre conscience au patient de la quantité d’appui qu’il met sur son pied.

Ce travail du schéma de marche n’est pas systématique mais doit être engagé lorsqu’on observe un évitement du pied ou une mauvaise position du pied au sol.